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Squaricatures : prologue
« Sex, drug and rock’ n roll » : ça, c’était bien avant mon arrivée dans l’immobilier, quand j’étais créatif de pub... Inutile de s’appesantir sur la meilleure période de ma vie professionnelle. Pour résumer, mon existence d’alors s’apparentait à celle du héros de « 99 francs », le livre (et le film) de Beigbeder – mais sans le glamour et le mélodrame parisien. Ma chute à moi fut plus provinciale : chômage, séparation, décès, maladie, dépression, etc.
C’est alors que je suis tiré de l’oxymore où je me noyais à petits feux par une amie qui venait de vendre son agence immobilière à un nouveau réseau immobilier, filiale d'une grande banque française.
En 2007, Le marché est alors euphorique : il suffit de mettre des millions sur la table pour conquérir un territoire. Mais la crise est vite arrivée... Si bien que ce qui s’annonçait comme une aventure florissante s’avère rapidement une galère louvoyant sous les vents déficitaires. Qu’importe ! Notre chef n’est pas un directeur comme les autres : c’est un banquier. Sa stratégie consistera à maintenir à flots son réseau immobilier, coûte que coûte, le temps qu’il faudra ; sa banque a bien mis 10 ans pour réussir dans l’assurance ! L’argent ne peut-il pas tout, capitaine, surtout pour un compétent – comme dirait Lacan ? Allons, matelot, ne soyez pas vulgaire et continuez à ramer. Euh... à vue ?
Le constat s’avère rapidement amer aux yeux de certains salariés.
Alors que sa base est composée de pros de l’immobilier (achetés, embauchés ou débauchés), le réseau est dirigé par des cadres détachés de la Banque, dotés de leur seule expérience bancaire (mais bénéficiant quant à eux de la convention collective de la banque, bien plus avantageuse que celle de l’immobilier).
Si bien que l'on change de stratégie commerciale comme de slip, au gré de l’odeur de cinq à sept dont est nimbé tel ou tel responsable en vogue chaque année...
L’implantation des agences immobilières s’effectue non pas au terme d’une étude de marché, mais sur des relations et des opportunités de rachat.
Quant au management des troupes, il est souvent livré au bon vouloir des chefs de secteur, véritables petits « saigneurs » dans leur fief respectif.
Il faudra plus de cinq années et des millions d’Euros de déficits cumulés pour que l’enseigne se rende compte – enfin ! – de ses erreurs et ébauche un projet d’entreprise. Mais à quel prix, en termes financiers et humains, ces deux mamelles dont la direction des ressources humaines a fait tourner le lait !